Exposition photographique « Eclats des Fosses, l’autre terre de Mongolie » réalisée par Paul de Lanzac.
L’artiste arpente les mines de charbon du pays, de Edernet à Baganuur, pour photographier le travail. C’est sa façon de mettre en lumière un problème économique, environnemental et social – celui de l’exploitation des mines, de la terre et de l’homme.
En Mongolie, ces problèmes se multiplient. Les minerais sont exploités avec des investissements étrangers. L’artiste explique : « Les richesses sortent du pays, le gouvernement signe de mauvais contrats, il y a beaucoup de corruption, de la pollution, des accidents, des morts. L’économie du pays est fragile, elle ne marche que grâce aux mines. Si le cours du charbon ou du cuivre chute, le pays se ruine. S’il monte, ça va mieux. »
C’est dans ce contexte que Paul découvre les mines mongoles. Parfois sans autorisation, contrôlé, attrapé, il se fait supprimer les images de son appareil. Pourtant, son regard photographique est calme, posé, pas violent ni agressif. Il ne s’attaque pas à la sensibilité visuelles du spectateur au contraire, il cherche à attirer son regard avec douceur. Il raconte une histoire. Celle du mineur. Il nous montre son espace de travail et de repos, ses outils, ses déchets (le carburant pour travailler et la vodka pour supporter le travail). Il représente son environnement – un paysage de cavités creusées dans le sol à perte de vue. La fosse apparaît dans l’éclat de sa beauté et éclate sous la force du travail de l’homme.
Paul de Lanzac crée des paradoxes, des ambiguïtés, un dispositif d’exposition où le spectateur est amené à réfléchir. Il nous propose un face-à-face entre la série en noir et blanc et celle en couleurs. Il crée des dialogues avec des images dans les images, des dialogues paradoxaux entre un projet d’une œuvre future et l’œuvre au présent déjà vieillie, passée. Cette série en couleur parait comme dénonciation de la propagande dont le pouvoir se sert pour justifier l’exploitation de l’être. En magnifiant l’image du mineur, en vantant ses outils de travail et en glorifiant le projet de l’exploitation minière, l’état utilise le pouvoir de l’image pour légitimer les abus entre travailleurs.
Sacraliser la figure du mineur pour sacrifier sa santé, son bonheur, sa vie au nom de la grandeur de l’œuvre ou du capital : c’est la stratégie que l’exposition « Éclats des fosses » semble dénoncer et condamner. Paul de Lanzac ne se repose pas sur la relation trompeuse que l’image photographique entretient avec la réalité pour nous choquer. Il crée une histoire des fosses et, espère peut-être des éclats.